La taille de la vigne en biodynamie

Durant la période d’hiver, la vigne, qui a travaillé dur jusque novembre va enfin pouvoir se reposer. Cette étape durant laquelle la vigne dort s’appelle “La dormance”. Elle marque à la fois la fin d’un cycle et le début d’un nouveau. Durant cette période, la sève est redescendue et ne circule plus, le vigneron en profite alors pour commencer la taille. La taille a pour but de limiter la croissance démesurée de la vigne. Il convient toutefois de réaliser une taille réfléchie car les plaies de taille sont une porte d’entrée aux champignons précurseurs des maladies du bois. Explications.

Une taille plus réfléchie et respectueuse

Les tailles actuellement utilisées ont tendance à favoriser les grosses plaies de taille et un style « esthétique » correspondant à ce qui est appelé la taille « rase ». Ce genre de pratiques perturbent la circulation de la sève, des nécroses apparaissent ce qui altère la faculté des pieds de vigne à produire du raisin et qui au final accentue la sensibilité aux maladies. Il existe un système de taille plus respectueux : le Guyot Poussard.

Les principes de la taille Guyot-Poussard

Son principe est simple à comprendre : la taille doit respecter le flux de sève de la plante afin que la sève ne soit pas détournée, ce qui finirait à court ou moyen terme par l’assécher voire de permettre la prolifération interne des champignons. Sa technique s’appuie sur le principe de taille traditionnelle dit « en Guyot » : laisser une baguette et un courson en prévoyant d’équilibrer les flux de sève.

La taille Guyot-Poussard en détails

Pour aborder la taille Guyot Poussard il faut avoir en tête que la sève circule en périphérie des ceps et des sarments et qu’il existe deux flux de sève presque indépendants. Les infections ne rentrent jamais par l’écorce des sarments mais par les plaies de taille. Elles migrent rapidement vers la moelle jusqu’au diaphragme qui est une barrière naturelle, d’où l’importance de l’endroit où on pratique la coupe.

Pour conserver les deux flux de sève, il faut toujours avoir deux coursons, un sur chaque flux. Leur position est essentielle pour éviter les inversions de flux, leur taille et leur orientation sont importantes. Effectivement, quel que soit la taille du courson, il y a toujours deux yeux qui démarrent. Le premier œil à débourrer doit être dans le bon flux de sève car il servira de courson l’année suivante.

Représentation de la taille Guyot-Poussard

  • Deux bras :
    • Un avec un courson
    • Un avec courson + baguette
  • Alterner la baguette chaque année
  • Mettre le courson sous la baguette
taille goyot poussard

Cette méthode permet de conserver un équilibre et de favoriser la circulation de la sève dans toute la souche. De plus, les plaies sont concentrées sur le bras, ce qui limite la zone d’attaque des champignons.

Au Château Lafitte, nous avons adapté la taille en “Guyot Double Poussard”, c’est-à-dire que nous laissons une baguette et un courson de chaque côté.

Les prescriptions sur la taille en biodynamie

La biodynamie préconise également certaines méthodes concernant la taille de la vigne, comme:

  • Le respect de la vigueur de chaque pied
  • La désinfection des outils
  • Le ramassage des sarments pour être broyés ou brûlés avant restitution à la vigne

Pour favoriser la vigueur d’une vigne, celle-ci doit être taillée en lune descendante. Au contraire, la lune montante calme la vigueur. Les nœuds lunaires, périgées et nœuds de planètes doivent être évités.

Les grosses plaies de tailles sont enduites d’une préparation de bouse de vache, argile et décoction de prêle. Il est ensuite intéressant de pulvériser un badigeon sur la vigne, afin de développer l’immunité de la plante en recevant sur les plaies de taille une concurrence microbienne qui limite la prolifération des nuisibles.